Matières premières – Bilan hebdomadaire : une dynamique portée par un mouvement général de vigueur

Ole Hansen
Responsable de la stratégie des matières premières
L’indice Bloomberg Commodity Total Return (BCOM) se dirigerait vers sa clôture mensuelle la plus élevée depuis trois ans, porté principalement par la vigueur des métaux industriels et précieux. Le facteur le plus déterminant ce mois-ci pour les matières premières serait le nouvel assouplissement monétaire de la Réserve fédérale américaine. L’or continuerait de battre des records, atteignant récemment un nouveau sommet proche de 3 800 USD, ce qui aurait soutenu l’argent et le platine, tandis que le cuivre bénéficiait de tensions sur l’offre. Le segment énergétique aurait offert des performances régulières, le marché pétrolier restant en équilibre entre des évolutions d’offre divergentes. Les matières premières resteraient fortement influencées par les politiques macroéconomiques, la géopolitique, la météo et les chocs d’offre – un secteur en retrait aujourd’hui pouvant redevenir porteur demain. L’indice BCOM se dirigerait vers sa meilleure clôture mensuelle en trois ans, avec un gain de 9,3 % depuis le début de l’année. Ce résultat se démarquerait dans un contexte de ralentissement de la croissance mondiale et de risques géopolitiques persistants. Les perturbations d’approvisionnement, les changements de politique monétaire et le positionnement des intervenants auraient contribué à soutenir le marché des matières premières. Les métaux et l’énergie auraient affiché les meilleures performances, tandis que l’agriculture serait restée en retrait, notamment avec de fortes corrections sur le cacao, le sucre et le café. Ce rapport revient sur les principaux moteurs de la dynamique actuelle, en mettant l’accent sur la progression des métaux précieux et industriels, la résilience du secteur énergétique et la faiblesse de l’agriculture. Le principal facteur favorable aux matières premières ce mois-ci aurait été le nouvel assouplissement monétaire de la Réserve fédérale américaine. La banque centrale a réduit ses taux en septembre, réintroduisant un coût de financement plus bas et réduisant le coût de détention des actifs ne générant pas de rendement comme l’or et l’argent. Cela aurait favorisé un fort mouvement sur les métaux précieux, l’indice BCOM Precious Metals affichant +8,7 % sur le mois et +44 % depuis le début de l’année. Cette décision aurait aussi renforcé l’idée que la Fed agirait sous une pression politique accrue, ajoutant une prime de risque supplémentaire aux métaux précieux. L’environnement de taux plus bas coïnciderait avec une diminution des rendements réels, un facteur clé dans l’intérêt porté aux métaux précieux. Les avoirs adossés à l’or enregistreraient leur plus forte augmentation mensuelle en trois ans et demi (+91 tonnes). Parallèlement, les tensions géopolitiques entre la Russie et l’Occident, y compris le renforcement des sanctions sur les exportations d’énergie russes, auraient soutenu le secteur énergétique, notamment le diesel, dont l’offre se resserrerait à l’approche de la période hivernale. Dans le même temps, les flux spéculatifs via les contrats à terme auraient repris avec vigueur après la pause estivale. Les fonds spéculatifs auraient accru leur exposition sur les métaux et l’énergie, tout en réduisant leur position en agriculture. Ces mouvements de positionnement auraient amplifié la volatilité, soutenant la dynamique haussière de l’or, de l’argent, du platine et du cuivre, mais accentuant les pertes sur le cacao, le sucre et le café.Points essentiels
Contexte macroéconomique : baisse des taux, rendements réels et prime de risque
Métaux précieux : le platine et l’argent en vedette
Le fait marquant du mois concerne les métaux précieux. L’or continue de battre des records, atteignant récemment un nouveau sommet proche de 3 800 USD. Toutefois, ce sont l’argent et le platine qui se sont distingués par leurs performances.
Platine : en hausse de 15 % depuis le début du mois, il a atteint un plus haut de 12 ans, portant sa progression annuelle à environ 75 %. Cette envolée serait liée à des inquiétudes persistantes concernant l’approvisionnement en Afrique du Sud, où les pénuries d’électricité limitent la production minière, ainsi qu’à une demande accrue pour les catalyseurs automobiles.
Argent : il a progressé de 11 % en septembre, franchissant les 45 USD pour la première fois en 14 ans. La demande industrielle, notamment pour les panneaux solaires, et des déficits persistants soutiendraient cette évolution.
Or : bien que moins spectaculaire que ses pairs ce mois-ci, il a tout de même gagné 7,9 % en septembre (+41,4 % depuis le début de l’année). Les flux vers les ETF adossés à l’or ont été soutenus (400 tonnes supplémentaires cette année, portant les avoirs à un sommet de trois ans). La demande asiatique est restée solide et la baisse des rendements réels a conforté son rôle défensif.
Dans l’ensemble, ces trois métaux illustreraient la sensibilité du secteur aux conditions macroéconomiques actuelles : politique monétaire plus souple, tensions géopolitiques et recherche de valeurs refuges.
Métaux industriels : le cuivre dopé par les perturbations de l’offre
Les métaux industriels ont aussi contribué à la progression générale.
Cuivre : ses prix ont bondi après de fortes perturbations dans deux grandes mines mondiales : Grasberg en Indonésie (déclaration de force majeure après un glissement de terrain meurtrier) et El Teniente au Chili (retards prolongés après l’effondrement d’un tunnel). Ces interruptions, touchant brièvement plus de 5 % de l’offre mondiale, sont intervenues dans un contexte de demande soutenue liée à l’électrification (véhicules électriques, réseaux électriques, centres de données).
Les contrats à terme sur le cuivre (LME) ont franchi une résistance clé à 10 160 USD/tonne, ce qui a déclenché des rachats de positions vendeuses.
Aluminium : progression plus modeste, soutenue par une demande accrue dans les transports et les secteurs énergivores.
Globalement, les métaux industriels ont gagné 2 % en septembre, masquant la vigueur spécifique du cuivre.
Énergie : le brut plafonné, les distillats en tête
Le secteur énergétique a affiché des résultats stables.
Pétrole brut : le Brent et le WTI se maintiennent en haut de leur fourchette récente, soutenus par des inquiétudes liées aux perturbations géopolitiques mais limités par l’augmentation de la production de plusieurs membres de l’OPEP+. La reprise des exportations de pétrole du Kurdistan irakien (environ 230 000 barils/jour) contribuerait aussi à l’offre mondiale.
Produits raffinés : le diesel/gasoil a été le segment le plus dynamique (ICE gasoil +8,3 % en septembre, NY ULSD +7,1 %), porté par la baisse des exportations russes après des frappes ukrainiennes, le renforcement des sanctions, des stocks européens bas et des opérations de maintenance dans les raffineries.
Essence : progression plus modeste (+3,1 %), reflétant une demande saisonnière plus faible.
Gaz naturel : recul de 4 % lié à des stocks américains élevés et à des prévisions météorologiques plus clémentes.
En résumé, si le brut reste enfermé dans sa fourchette de prix, la hausse des distillats a dominé la dynamique du secteur énergétique en septembre.
Agriculture : tensions persistantes, soja et produits tropicaux en retrait
Le secteur agricole a continué de faire figure de maillon faible. L’indice global a reculé de 2,3 % en septembre, effaçant partiellement la vigueur des métaux et de l’énergie.
Soja : les contrats à terme à Chicago ont été pénalisés par l’absence d’achats chinois et par une offre abondante en provenance du Brésil. Les exportations américaines vers la Chine, qui représentent habituellement plus de la moitié des ventes annuelles, ont nettement ralenti, laissant des stocks croissants aux États-Unis.
Cacao : chute de 9,9 % après un rallye exceptionnel en début d’année. L’amélioration des conditions météo en Afrique de l’Ouest, la normalisation logistique et des signes de rationnement de la demande ont contribué à ce repli.
Café Arabica : après une envolée de 50 % en août liée aux droits de douane américains sur les importations brésiliennes, les prix ont récemment corrigé. Une récolte brésilienne plus favorable et un réal affaibli ont incité les producteurs à vendre davantage, tandis que la hausse des stocks certifiés par l’ICE a apaisé les craintes de pénurie.
Sucre et coton : ces marchés restent orientés à la baisse, pesant sur l’ensemble du secteur.
Matières premières : une dynamique contrastée
Les performances récentes des matières premières ont été fortes mais inégales : les métaux précieux et industriels ainsi que certaines composantes du secteur énergétique auraient compensé la faiblesse persistante de l’agriculture. Avec une progression de 9,3 % depuis le début de l’année (contre 5,4 % sur l’ensemble de 2024), l’indice Bloomberg Commodity Total Return (BCOM) se dirigerait vers sa meilleure clôture mensuelle depuis trois ans.
Métaux et énergie en tête
Les métaux précieux se distingueraient particulièrement, avec des rallyes marquants du platine et de l’argent, dans un contexte où l’or enregistre de nouveaux sommets historiques. Le cuivre bénéficierait à la fois de perturbations de l’offre et de la demande liée à l’électrification. Du côté de l’énergie, la vigueur du diesel mettrait en lumière l’importance des produits raffinés dans l’équilibre des marchés.
Agriculture en retrait
À l’inverse, le secteur agricole resterait sous pression, marqué par une offre abondante et une demande relativement stable, ce qui pèserait sur les prix du cacao, du sucre et du café.
Facteurs déterminants
Les matières premières resteraient fortement influencées par :
les politiques macroéconomiques,
la géopolitique,
les conditions météorologiques,
les chocs d’offre.
Cette volatilité sectorielle montrerait comment la solidité d’un compartiment peut compenser la faiblesse d’un autre, expliquant la dynamique globale de l’indice.
Rôle dans un environnement incertain
La vigueur observée depuis le début de l’année illustrerait le rôle du secteur comme indicateur de tendances économiques et géopolitiques mondiales, dans un contexte d’incertitude accrue.
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