Sécurité & Avenir - Chapitre 1 : La Défense
Ruben Dalfovo
Investment Strategist
Points clés
- La demande de défense est structurelle et s’inscrit sur plusieurs années, ce n’est pas un simple cycle de court terme.
- Les dépenses se concentrent sur les munitions, la défense aérienne, les drones et la logistique.
- Le thème Défense de Saxo offre une vue structurée et diversifiée des valeurs de la défense à travers l’ensemble de la chaîne de valeur, pour approfondir vos propres recherches.
Pourquoi le sujet compte aujourd’hui
La sécurité est passée du statut d’option à celui de nécessité. Les États reconstituent leurs stocks, renforcent la défense aérienne et sécurisent ports, réseaux électriques et infrastructures de données.
Les achats se font dans le cadre de plans pluriannuels avec des paiements par étapes, ce qui donne de la visibilité aux entreprises, même si les livraisons peuvent être irrégulières. La thématique va bien au-delà des avions de chasse : capteurs, logiciels, systèmes d’alimentation, matériaux et activités de test participent au même mouvement d’investissement.
La chaîne de valeur de la défense
On peut voir cette thématique comme une chaîne qui transforme des budgets publics en capacités réelles sur le terrain. Elle commence par les éléments de base : propergols, détonateurs, batteries et matériaux spécialisés. Elle se prolonge par des composants comme les radars, systèmes de guidage, liaisons de données et équipements réseau durcis.
Ces briques alimentent ensuite des systèmes complets, comme les intercepteurs, les drones ou les logiciels de commandement et de contrôle qui relient l’ensemble. Enfin, l’infrastructure et le soutien dans la durée assurent la continuité : transformateurs, dépôts sécurisés, liaisons satellitaires, formation et maintenance de long terme.
Chaque niveau mobilise une ligne budgétaire différente, mais l’ensemble progresse de façon coordonnée : le remplissage des stocks tire la demande de composants, l’intégration renforce l’usage des logiciels, et l’infrastructure prolonge les revenus via des contrats de services étalés dans le temps.
Quatre axes de dépenses
Munitions et défense aérienne. Les stocks se consomment vite en situation réelle, ce qui soutient les commandes de charges explosives, d’enveloppes, de kits de guidage et d’intercepteurs complets. La défense aérienne est devenue prioritaire, des systèmes de courte portée contre les drones jusqu’aux dispositifs multicouches protégeant villes et bases.
Drones, capteurs et lutte anti-drones (C-UAS). Les drones sont nombreux et facilement remplaçables. La défense combine radars, capteurs radiofréquence, suivi électro-optique, brouillage et intercepteurs cinétiques ou à énergie dirigée. Les sites civils – aéroports, ports, stades, réseaux électriques – ont des besoins similaires, ce qui élargit la demande au-delà des seuls ministères de la Défense.
Logistique résiliente. La dissuasion ne fonctionne que si les équipements peuvent circuler. Nœuds ferroviaires, ponts, dépôts, transformateurs, systèmes de carburant et réseaux de commandement doivent rester opérationnels en situation de stress. Une partie de ces infrastructures « duales » et de la résilience cyber-physique est de plus en plus comptabilisée comme dépense de défense, intégrant ainsi services publics et industriels.
Des politiques aux contrats. La politique budgétaire fixe un socle ; les commandes signées déclenchent réellement les flux de trésorerie. Les lois de programmation pluriannuelles, les achats conjoints et les crédits à l’exportation réduisent le risque de financement et améliorent la visibilité sur les calendriers. L’enjeu, pour un investisseur qui s’informe sur ce secteur, est d’identifier le moment où les annonces se traduisent en livraisons financées et échelonnées.
À l’intérieur du thème Défense de Saxo : entreprises et positionnement
La thématique couvre à la fois de grands maîtres d’œuvre et des spécialistes de niche. Sa composition suit des règles claires et est revue régulièrement pour rester alignée avec le thème. Quelques exemples :
RTX. Acteur majeur des radars et intercepteurs de défense aérienne. Ses systèmes multicouches et ses capteurs sont au cœur de la protection de l’espace aérien moderne, avec des revenus récurrents liés à la maintenance et aux mises à niveau.
Lockheed Martin. Intégrateur de missiles et de plateformes. Sa force dans les systèmes guidés et le soutien dans la durée génère des flux de revenus bien au-delà des premières livraisons.
Northrop Grumman. Spécialiste des systèmes de mission et de la défense antimissile. Forte expertise dans les capteurs et les logiciels de commandement qui relient capteurs et effecteurs au sein d’un même système.
BAE Systems. Groupe européen présent dans l’aérien, le terrestre et la guerre électronique. Exposé aux efforts de réarmement au Royaume-Uni et en Europe, avec de nombreux contrats de soutien de long terme.
Rheinmetall. Munitions, véhicules et composants énergétiques. Forte sensibilité à l’augmentation de la production d’obus et aux extensions de capacité liées au remplissage des stocks.
Leonardo. Radars, hélicoptères et électronique. Une demande à la fois civile et militaire qui élargit la base de clients et atténue les cycles.
Saab. Défense aérienne, capteurs et solutions C-UAS. Positionnement de niche en Europe du Nord avec un accent sur le déploiement rapide et l’interopérabilité des systèmes.
Quelle place dans un portefeuille ?
La défense peut être envisagée comme une thématique de croissance soutenue par les politiques publiques et des carnets de commandes pluriannuels. Elle peut aussi jouer un rôle de diversification face à des portefeuilles très orientés vers la tech de consommation ou les dépenses discrétionnaires.
Un angle pratique consiste à s’intéresser à l’ensemble de la chaîne de valeur plutôt qu’à une seule entreprise ou un seul programme. Cela revient à combiner grands maîtres d’œuvre et spécialistes des capteurs, logiciels, alimentation électrique, matériaux énergétiques et infrastructures. Cette approche peut réduire le risque lié à un seul programme et lisser les profils de flux de trésorerie au fil des différents cycles de commande. Pour trouver des idées à analyser plus en détail, vous pouvez consulter notre hub thématique, qui propose une liste structurée d’entreprises de la chaîne de valeur.
Principaux risques
La défense est une histoire de long terme, mais la trajectoire n’est pas linéaire. Les projets peuvent prendre du retard en cas d’échec de tests, de problèmes d’approvisionnement ou de dérives de coûts. L’offre reste contrainte dans certains domaines comme les composants énergétiques, les semi-conducteurs ou la main-d’œuvre qualifiée, ce qui peut ralentir les montées en cadence. Les budgets peuvent être révisés après des élections ou en cas de tensions sur les finances publiques, entraînant des reports ou des annulations de commandes. L’environnement réglementaire compte également : contrôles à l’export, embargos ou sanctions peuvent fermer certains marchés du jour au lendemain. Les contrats à prix fixe transfèrent une partie du risque d’inflation ou de reprise sur les fournisseurs.
Après des phases de forte hausse, les valorisations peuvent se réajuster rapidement. Les opérations sont elles-mêmes exposées à des risques, qu’il s’agisse d’incidents industriels, de cyberattaques ou d’aléas opérationnels. La volatilité des devises et la liquidité plus faible de certains titres peuvent amplifier les mouvements, en particulier pour les valeurs de plus petite taille. Pour suivre ces risques, il est utile de surveiller les budgets et les processus d’achat (lois de programmation, initiatives communes européennes, cadres pluriannuels), les signaux de capacité (investissements financés dans les usines, commandes de longue durée, jalons de livraison) ainsi que les décisions de politique et d’export (autorisations, achats en coalition, plans de soutien).
Un thème de long terme
Cette thématique s’inscrit dans une logique pragmatique et patiente : reconstituer les stocks, protéger l’espace aérien et renforcer l’ossature logistique. À mesure que les programmes avancent, l’enjeu est davantage de suivre les montées en cadence financées, les livraisons clés et la conversion en trésorerie que les seuls gros titres. L’univers couvre à la fois de grands acteurs connus du grand public et des fournisseurs plus discrets qui rendent les systèmes interopérables. Une approche diversifiée permet de suivre cette dynamique de long terme sans dépendre d’un seul produit ou d’un seul contrat.
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