Un été calme ou chaotique ?
Christopher Dembik
Responsable de l'analyse macroéconomique
Il n’y a jamais de certitudes en bourse. Certains étés sont plus calmes que d’autres. Ce qui nous inquiète particulièrement est la montée des taux de rendement sur le marché obligataire. Les niveaux sont élevés mais ce n’est pas le point d’inquiétude principal. On peut tout à fait considérer qu’au retard de l’endettement et de l’économie britannique, il est tout à fait normal que le Royaume-Uni emprunte à un taux supérieur à 5% sur du deux ans. En revanche, c’est la vitesse d’appréciation qui est problématique et qui peut causer quelques à-coups en bourse (en particulier sur les segments de marché où il y a des problématiques de refinancement). Il faudra donc rester vigilant. Ce qui est certain à ce stade c’est que le processus de durcissement monétaire ne va pas s’arrêter. La Banque Centrale Européenne et la Réserve Fédérale américaine devraient augmenter leurs taux respectifs de 25 points de base ce mois-ci. Pour le Royaume-Uni, la hausse sera certainement de 50 points de base en août. Il faut désormais s’habituer à un monde où le coût de l’argent devient un peu prohibitif.
- Sur le front économique, les chiffres de l’emploi aux Etats-Unis étaient au cœur de l’attention. Malgré des créations d'emplois moins nombreuses que prévu, le taux de chômage aux Etats-Unis a diminué pour atteindre 3,6% en juin. Cela représente un léger recul par rapport au mois de mai (3,7%) et reste à un niveau historiquement bas. Côté emplois, 209.000 postes ont été créés selon les analystes du département du Travail qui en attendaient 220.000 (écart de 11.000). Ce n’est pas susceptible d’influencer la Réserve Fédérale américaine.
- Les tensions sur le marché obligataire commencent à atteindre des niveaux inquiétants (ce qui a poussé à la hausse l’indice de la peur VIX). La progression est particulièrement significative sur les courtes échéances. Le taux à deux ans des Etats-Unis a dépassé 5% (plafond possible autour de 5,50%), le taux à deux ans de l’Allemagne 3,30% et celui du Royaume-Uni sur la même échéance a tout simplement explosé à 5,50%. Cette appréciation rapide, sur une courte durée, chamboule beaucoup de segments de marché. Tant que les taux continuent d’augmenter, on voit mal comment l’once d’or pourrait rebondir durablement. En outre, il faut s’attendre à ce que les problèmes de refinancement s’accentuent pour les entreprises cotées (en particulier les petites et les moyennes valeurs). Il y a encore beaucoup de liquidité mais le coût du capital est désormais parfois prohibitif.
- Le yuan chinois est un peu le point d’attention en ce moment du fait des récentes interventions de la Chine sur le marché pour restreindre la dépréciation de sa monnaie. Il est probable que la banque centrale (qui est le bras armé en la matière) n’a certainement pas d’autre choix que d’agir ainsi pour limiter les sorties de capitaux. Même avec un contrôle strict des changes, les exportateurs chinois peuvent toujours retarder le rapatriement des devises étrangères et les importateurs peuvent accélérer l’achat de devises étrangères. En outre, la Chine a besoin d’une monnaie relativement stable pour encourager ses partenaires commerciaux à accepter le CNY comme monnaie de paiement pour les échanges bilatéraux. En Chine, 98% des dépôts sont en CNY et les autorités ne veulent pas que les entreprises et les ménages se précipitent pour trouver des moyens d’augmenter la part des devises étrangères. Si on résume, Pékin va bien laisser le CNY se déprécier face à l’USD et à l’EUR mais cela doit se faire de manière contrôlée pour éviter que cela n’ait une incidence systémique. Le maître mot, c’est le pilotage fin.
La saison des résultats démarre timidement mardi avec Fastenal (fournitures industrielles), Delta Air Lines, Progressive (secteur de l’assurance), PepsiCo, Cintas (uniformes et matériels de sécurité) et Conagra Brands (agro-alimentaire).
Aucune annonce économique majeure aujourd’hui. Au niveau des banques centrales, la Banque d’Israël pourrait augmenter de nouveau son taux directeur aujourd’hui afin de lutter contre les pressions inflationnistes (les analystes sont partagés sur l’issue de la réunion). L’inflation oscille autour de 5% sur un an. C’est comparativement peu. Mais c’est bien au-dessus de la fourchette tolérée par la banque centrale (entre 1% et 3%).
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