Expansion offre OPEP+ et difficultés d’exportation de la Russie = stabilité du pétrole

Ole Hansen
Responsable de la stratégie des matières premières
Points clés :
Les hausses de production de l’OPEP+ et les spéculations sur de nouveaux ajouts en octobre pèsent sur le sentiment du marché
Les perturbations des raffineries russes et les sanctions visant les acheteurs indiens ont récemment pénalisé les vendeurs à découvert mal positionnés
Les perspectives de long terme pointent vers un risque de surabondance en 2026, accentué par les incertitudes liées aux droits de douane et à la demande
Les contrats à terme sur le pétrole brut ont entamé septembre de manière légèrement défensive, avec une activité et des volumes de transaction en hausse après le creux estival d’août. Les prix restent cantonnés dans une fourchette étroite, pris entre l’ajout d’offre à court terme et les risques de perturbations. Le Brent s’est stabilisé dans une zone de 65–70 USD, le WTI évoluant quelques dollars en dessous.
L’OPEP+ augmente son offre, et d’autres ajouts pourraient suivre
Depuis le début de l’année, l’OPEP+ a déjà réduit de 2,2 millions de barils par jour ses coupes volontaires, auxquels s’ajoutent 0,3 million alloués aux Émirats arabes unis, portant la hausse totale à environ 2,5 millions b/j en 2025. Prochaine étape : la réunion de ce week-end, où certains bruits de marché laissent entendre que le groupe pourrait décider d’un nouvel ajustement de quotas pour octobre. Cette perspective limite les hausses de prix et renforce l’idée que les risques d’offre penchent davantage vers l’excès que vers la pénurie dans les mois à venir.
Pourquoi, malgré cette remontée de production, les prix n’ont-ils pas reculé ? Plusieurs raisons :
Certains producteurs, notamment l’Irak et le Kazakhstan, ont longtemps dépassé leurs quotas et doivent désormais compenser en restant sous leurs nouveaux plafonds.
La Chine agit comme un acheteur pivot, remplissant ses réserves stratégiques quand les prix sont bas, absorbant ainsi l’excédent. Mais ce flux ralentira si les prix montent, freinant d’éventuels rallyes.
Certains membres ont du mal à atteindre leurs nouveaux objectifs plus élevés, tandis que d’autres ont réduit leurs exportations pour répondre à la forte demande domestique estivale.
Jusqu’ici, l’OPEP a réussi à accroître son offre sans faire chuter les prix, tout en mettant la pression sur les producteurs à coûts élevés, notamment aux États-Unis, où la production approche d’un pic. Cela réduit la principale source d’offre non-OPEP de la dernière décennie.
La Russie ajoute des frictions, pas des barils
Face aux hausses de l’OPEP+, la guerre en Ukraine introduit ses propres contraintes. Les attaques de drones sur les infrastructures de raffinage ont réduit la production russe de produits pétroliers, en particulier le diesel, tandis que les sanctions contre les acheteurs indiens compliquent les flux commerciaux. Ces facteurs soutiennent les prix sans déclencher de rallye majeur, la récente vigueur s’expliquant surtout par des rachats de positions vendeuses forcés dans les marchés à terme.
Asymétrie de positions : premier net short sur le WTI
L’évolution la plus marquante des dernières semaines concerne les positions spéculatives. Les données hebdomadaires du CFTC montrent que, pour la première fois, les fonds spéculatifs détiennent depuis trois semaines un solde net vendeur sur les contrats WTI (CME et ICE). Cela compte, car ces positions comportent un risque asymétrique : la moindre nouvelle favorable aux prix peut déclencher un mouvement haussier brutal par rachat de shorts. Ce mécanisme explique en partie la hausse récente du brut.
La courbe parle : tendue aujourd’hui, relâchée demain
Les spreads temporels reflètent bien la situation. Brent et WTI restent en backwardation à court terme, signe de tensions immédiates et de primes géopolitiques. Mais la courbe s’aplatit et glisse vers le contango à l’horizon 2026. C’est là que se situe le scénario baissier de long terme : Goldman Sachs et d’autres anticipent un excédent dès fin 2025, qui s’amplifierait en 2026 avec la montée de l’offre OPEP+ et non-OPEP. Leurs prévisions voient le Brent descendre vers 50 USD fin 2026, avec une augmentation potentielle des stocks mondiaux de 800 millions de barils.
Pour l’instant, une fourchette étroite
Du côté de la demande, les droits de douane et tensions commerciales deviennent un vent contraire progressif. Même si un ralentissement marqué paraît peu probable, ces facteurs pourraient limiter la croissance de la demande, confortant la thèse d’un excédent en 2026. Pour l’heure, les marges de raffinage et la demande implicite restent solides, mais les opérateurs devraient considérer les annonces tarifaires comme un frein de moyen terme susceptible d’influer sur les prix et les positions d’ici la fin de l’année et en 2026.
En résumé
Les forces opposées expliquent pourquoi le brut reste coincé autour du milieu de la fourchette de 24 dollars observée cette année.
Les hausses de l’OPEP+ et les projections d’excédent à long terme tirent le marché vers le bas
Les perturbations russes, les positions vendeuses fragiles sur le WTI et la tension immédiate sur la courbe poussent dans l’autre sens
Dans l’ensemble, les perspectives de hausse au-delà de 70 USD pour le Brent apparaissent limitées, freinées par le ralentissement de la demande chinoise à des prix plus élevés et par l’offre additionnelle de l’OPEP+, qui compense les risques géopolitiques.
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